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Organisation mondiale de la Santé pour la lutte antitabac Deux chercheurs de réputation internationale de l’Institut collaborent à une étude d’envergure sur le marketing du tabac

Mercredi, 2 décembre 2015
Organisation mondiale de la Santé pour la lutte antitabac Deux chercheurs de réputation internationale de l’Institut collaborent à une étude d’envergure sur le marketing du tabac

Une équipe internationale de chercheurs, à laquelle a participé le Dr Paul Poirier et le Dr Gilles Dagenais, cardiologues et chercheurs au Centre de recherche de l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec – Université Laval, vient de publier les résultats d’une importante étude sur le marketing du tabac. L’étude a été réalisée dans le but d’examiner et de comparer le marketing du tabac au moment où la Convention-cadre de l’Organisation mondiale de la Santé pour la lutte antitabac  exige des parties de mettre en œuvre une interdiction complète de ce type de marketing. Dans ce contexte, les chercheurs ont répertorié le nombre de publicités et les points de vente sur un parcours d'un kilomètre, dans 462 communautés réparties dans seize pays, de 2009 à 2012. Ils ont également interviewé près de 12 000 personnes pour déterminer leurs niveaux d’exposition au marketing traditionnel et non traditionnel.

Leurs travaux permettent d’établir que le marketing du tabac dans les pays à faible revenu est plus intense que dans les pays à revenu élevé. En effet, le nombre de publicités observées est 81 fois plus élevé dans les pays à faible revenu que dans les pays à revenu élevé. Les points de vente sont également deux fois et demie plus élevés dans les pays à revenu faible et à revenu intermédiaire, tranche inférieure, que dans les pays à revenu élevé. Finalement, les chercheurs ont découvert que, globalement, près de 10 % des personnes interrogées indiquaient avoir vu des formes de marketing du tabac dans au moins cinq médias au cours des six derniers mois et 45 % indiquaient en avoir vu dans au moins un média.

Convention-cadre de l'OMS pour la lutte antitabac

« Les résultats de l'étude révèlent que l'interdiction globale de la publicité, de la promotion et du parrainage du tabac est l'une des mesures de lutte antitabac les moins adoptées par les pays, notamment les pays à revenu faible. Les pays à revenu intermédiaire et élevé sont quatre fois plus nombreux à l'avoir adoptée que les pays à revenu faible », a indiqué le Dr Armando Peruga, administrateur de programme de l'Initiative pour un monde sans tabac de l'OMS.

Il s’agit de la première étude à faire une comparaison statistique des niveaux de marketing du tabac dans un large éventail de pays depuis 2005, année où il a été exigé aux pays signataires de la Convention-cadre de l'OMS pour la lutte antitabac d'adopter des mesures strictes de lutte contre le tabagisme, notamment une interdiction de certaines pratiques de marketing.

« L'industrie du tabac utilise des techniques de marketing pour inciter les enfants et les jeunes à fumer », a déclaré l'une des auteurs, la professeure Anna Gilmore, directrice du Groupe de recherche sur la lutte antitabac de l'Université de Bath, au Royaume-Uni. L'étude permet ainsi de mettre en lumière que les pratiques de marketing du tabac qui incitent à la consommation, en particulier chez les jeunes, prennent toujours de l'ampleur en dépit des efforts de nombreux pays pour les interdire. Si les obligations de la Convention-cadre de l'OMS pour la lutte antitabac ne sont pas rapidement et pleinement mises en œuvre, ces chiffres devraient connaître une hausse considérable avec les effets néfastes sur la santé que l’on connait des produits du tabac.

Rappelons que les maladies liées au tabac sont la principale cause de décès évitables dans le monde. On prévoit que le tabagisme sera à l'origine de 8,4 millions de décès d'ici 2020, dont 70 % dans les pays en développement, où vivent environ 900 millions de fumeurs.

Cette étude a été publiée dans le Bulletin de l’Organisation mondiale de la Santé, l'une des principales revues internationales de santé publique. C'est le fleuron des périodiques de l'Organisation mondiale de la Santé, particulièrement consacré aux pays en développement. Les articles qui y paraissent sont revus par un comité de lecture et sont indépendants des lignes directrices de l'OMS.

Entrevue avec Dr Paul Poirier, Les Infos, V-Télé