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Journée internationale des filles et des femmes de science - Entrevue avec Dre Caroline Duchaine

Jeudi, 11 février 2021
Journée internationale des filles et des femmes de science - Entrevue avec Dre Caroline Duchaine

La Journée internationale des filles et des femmes de sciences a lieu aujourd’hui. À cette occasion, voici une brève entrevue avec Dre Caroline Duchaine, chercheure en microbiologie, que nous avons la chance de compter parmi les membres de notre centre de recherche et dont l’impact des recherches sur la transmission de la COVID-19 par aérosols en 2020 a été décisif pour l’amélioration des mesures de prévention contre cette maladie.

Passionnée, Dre Caroline Duchaine est captivée par l’idée d’émettre des hypothèses et de mener des expériences qui génèrent des résultats pour faire avancer le domaine de la science et ce, en faisant face à d’infinies possibilités. Pour Dre Duchaine, la seule façon d’être est d’être authentique. Très tôt dans sa carrière, elle a compris qu’elle pouvait avoir un impact sur les gens qui l’entourent, tout comme eux en ont un sur elle. Elle a réussi à grimper les échelons du monde de la recherche et a brisé un certain plafond de verre, tout en restant elle-même. Pour elle, il est important de souligner les bons coups, mais encore plus, de prendre la parole pour exprimer un désaccord qui permettra de mener des réflexions plus loin.

« Je suis la chercheure que je suis aujourd’hui grâce aux multiples rencontres qui ont jalonné mon parcours », explique-t-elle. Une des plus marquantes restera celle d’avec Dr Yvon Cormier, anciennement pneumologue à l’Institut, qui a été un modèle inspirant de mentor et qui l’a laissée briller au moment opportun, lui permettant de s’émanciper comme jeune chercheure. 

Que signifie la Journée internationale des femmes et des filles de science pour vous ?

« Maintenant, à mon âge, je me rends compte à quel point c’est fragile, parce que là j’en prends conscience, je vois des jeunes femmes qui ont de la misère à devenir chercheure […] je le vois de mes yeux qu’une chercheure femme de mon âge est moins reconnue qu’un chercheur homme de mon âge », explique-t-elle en ajoutant que chaque génération s’approprie les luttes de celles d’avant. 

Dre Caroline Duchaine indique qu’il serait préférable de valoriser la maternité des femmes qui font de la recherche en faisant ressortir que par exemple, une femme ayant bénéficié de trois congés de maternité a été aussi productive scientifiquement que les autres scientifiques, hommes et femmes confondus. « L’égalité des sexes dans les sciences ne doit pas être tenue pour acquise », a-t-elle déclaré.

Quels conseils donneriez-vous aux femmes qui désirent faire carrière dans le monde de la science?

« De ne pas avoir peur d’aller voir ailleurs », précise-t-elle en ajoutant que « c’est compatible d’avoir une vie de famille même en allant ailleurs, à l’étranger. On ne peut pas devenir, à mon avis, une chercheure aussi consciente de notre système à moins d’être allée vivre dans le système des autres ». Ayant déménagé en Australie avec sa famille pendant un an pour faire de la recherche, en plus d’être allée à Montréal et à Iowa City pour réaliser des post-doctorats, Dre Duchaine avance que son expérience lui a permis de concrétiser ce qu’elle voulait prôner comme valeurs dans une équipe et en tant que gestionnaire de laboratoire. À son avis, être déstabilisé permet d’ouvrir son esprit, en plus de nourrir l’estime de soi.

Elle tient également à inciter les jeunes filles et les femmes à reconnaître leur valeur et à ne pas être timide à l’étape de contacter les chercheurs pour des stages. « Les jeunes chercheures et chercheurs sont le cœur même du monde de la recherche », souligne-t-elle. Les chercheurs et chercheures émérites veulent de ces scientifiques à l’œil neuf dans leurs équipes. 

Dre Caroline Duchaine, chercheure renommée, mentore à l’écoute et mère de famille dévouée, considère que la Journée internationale des filles et des femmes de science est importante afin de souligner qu’une représentation équitable des sexes dans le domaine scientifique ne serait que mieux pour la complémentarité des réflexions et pour la science en général. Elle croit que c’est le rôle du mentor de soutenir et de donner l’espace nécessaire aux jeunes chercheures et chercheurs pour s’émanciper. S’il y a un message à retenir, c’est d’oser! Ainsi, une fois entré dans le système, il devient plus facile d’essayer de le changer.